Manifestation scientifique du Groupement d'Intérêt Scientifique : Innovation, Interdisciplinarité, Formation
22-22 nov. 2019 Aubervilliers (France)

Consultation des contributions par auteur > Zablot Solène

Quelles ressources pour répondre aux objectifs du baccalauréat professionnel ? Le cas des enseignants de la Maintenance des véhicules, option voiture particulière
Solène Zablot  1@  
1 : Education Discours Apprentissages
Université Paris Descartes - Paris 5 : EA4071
45, rue des Saints Pères 75270 Paris Cedex 06 -  France

En France, le gouvernement a misé, depuis la fin des années 1990, sur le développement de systèmes embarqués dans les véhicules, d'abord pour la sécurité des usagers, puis pour le développement d'une économie axée sur la vente de technologies de service (GPS, ordinateurs de bord). Cette situation laisse penser que le métier de mécanicien automobile est de plus en plus concerné par l'utilisation de technologies informatisées pour le diagnostic et la réparation des véhicules.

Dans le cadre de notre thèse, nous nous sommes intéressés à la manière dont les élèves et les apprentis étaient formés pendant le cursus du baccalauréat professionnel de la Maintenance des véhicules, diplôme qui a pour objectif de préparer à ce métier. Il s'agit de comprendre comment s'organise la formation de ce diplôme concernant le diagnostic et la réparation des véhicules ? Quelles sont les ressources utilisées par les enseignants ?

En référence aux travaux de Perrenoud (1993), nous avons consacré une partie de notre travail à l'analyse du curriculum formel du diplôme afin d'en comprendre les objectifs d'apprentissage. Il s'agissait d'analyser à la fois la place occupée par les enseignements relatifs à la mécanique, à l'électricité et à l'électronique dans l'automobile, les objectifs fixés pour chacun de ces enseignements et les ressources prescrites. Pour cela, nous nous sommes appuyés sur des textes officiels, les discours de l'inspection et sur la lecture des conventions-cadre signées entre le ministère et les entreprises du secteur.

En complément, nous avons analysé le contexte historique et culturel (Engeström, 1987) dans lequel ce diplôme avait été créé, puis rénové en nous appuyant sur les règlements d'examens des diplômes de niveau V et IV, mis en place dans la filière et sur les réunions de la commission professionnelle consultative depuis sa création en 1948.

Nous nous sommes, également, intéressés aux pratiques d'enseignants de deux lycées professionnels et de formateurs d'un CFA chargés des enseignements de la spécialité et conduit une analyse systémique de l'activité de ces acteurs, en menant des observations de classes, des entretiens semi-directifs et en collectant les documents de cours préparés par ces derniers.

Les résultats montrent que le diplôme s'inscrit dans une opposition entre ce qui relève de l'électronique et de la mécanique, marquée par une lente prise en compte du premier domaine. En ce qui concerne le diplôme, la partie diagnostic des systèmes embarqués ne représente qu'une partie minoritaire de la formation. Les objectifs d'apprentissage sont principalement axés sur la maintenance mécanique et électrique des systèmes.

Ces oppositions sont moins marquées chez les enseignants de lycées professionnels. Ils sont tous responsables de l'ensemble des enseignements. L'opposition entre ce qui relève de l'électricité, de l'électronique et de la mécanique n'est présente que dans le cas du CFA où il y a des formateurs spécialistes pour ces différents domaines. En ce sens, la division du travail, est davantage associée à celle présente dans les garages, alors que dans les deux lycées professionnels, elle ne se retrouve que dans le cas où les enseignants ont le choix des activités d'apprentissage à mener.

Cependant, quel que soit le domaine, les enseignants et les formateurs ont besoin de ressources de même nature, à savoir essentiellement des informations techniques produites par les entreprises de l'automobile, de véhicules ou de maquettes, mais finalement peu de bornes informatisées de diagnostic.

Aussi, les pratiques des enseignants et des formateurs sont soumises à des contraintes industrielles fortes. Elles sont centrées sur l'apprentissage du métier de mécanicien, car il s'agit de rendre rapidement les apprenants autonomes quand ils sont en entreprise.

D'abord, bien qu'ils veillent à ce que leurs cours soient bien transversaux à l'ensemble des marques de véhicules, la pratique sur des véhicules étant considérée comme primordiale pour eux et la dotation des établissements étant dépendante des conventions cadres, les apprenants s'exercent presque exclusivement sur des véhicules de la marque PSA Peugeot-Citröen et Renault. Cela pose la question de l'adaptation des connaissances acquises à d'autres situations.

Ensuite, comme les ressources sont payantes ou protégées par le droit d'auteur, car issues de documents industriels ou produites à des fins de formation des professionnels de l'automobile, les enseignants et les formateurs mettent au point des stratégies de contournement de la règle en ayant recours à l'échange de ressources entre collègues. La collecte de données repose, en ce sens, sur la capacité des acteurs à être hacker.

Références

Engeström, Y. (1987). Learning by expanding. An activity-theoretical approach to developmental research. Helsinki : Orienta-Konsultat.

Perrenoud, P. (1993). Curriculum : le formel, le réel, le caché. In La pédagogie : une encyclopédie pour aujourd'hui. Paris : ESF. p. 61-76



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